AU CŒUR DES VOLCANS X NOSFERATU
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L'idée d'un volcan est celle qui peut s'associer le plus au cinéma de Werner Herzog. Depuis le début des années 70, ce cinéaste allemand n'a cessé de signer des films en ébullition, que ce soit dans leurs sujets ou leur conception, transformant leurs tournages en épopées épiques ou conflictuelles, pour un résultat tumultueux, à la fois lyriques et intérieurs, démesurés et philosophiques. Soit un cinéma aux allures de lave en fusion, incandescent, dangereux et inarrêtable. Ce magma qui gronde depuis plus de cinquante ans devait en toutes logique croiser les aventures de véritables vulcanologues. Ce sera Katia et Maurice Krafft, un couple qui se sera baladé sur la planète jusqu'à trouver la mort lors d'une expédition au Japon en 1991. Ils avaient laissé derrière eux près de 200 heures d'images, Herzog les a décortiquées, réassemblées pour le bien nommé Au cœur des volcans, requiem pour Katia et Maurice Krafft, portrait qui tient plus d'une course que d'un biopic, tant les Krafft semblent y échapper à un funeste destin, quand ils embarquent en bateau quelques minutes avant une éruption en Indonésie où réchappent de justesse d'un nuage toxique provoqué par une autre en Alaska. Herzog rendant tout autant compte de la manière dont leur filmage des volcans évolue, capturant la beauté hypnotique des volcans en actions comme leurs conséquences sur la nature et les populations environnantes. Mais tout autant la dévotion des Krafft à une curiosité qui les aura menés jusqu'à la mort, par envie d'aller au plus près de la lave, jusqu'au sacrifice. C'est probablement cette combinaison entre héroïsme vain et inconscience suicidaire qui a convaincu Herzog de s'attaquer à ce film fou par ses images comme par les fascinantes personnalités nourrissant une seule et même fournaise.
L'écho d'Herzog se retrouve forcément dans une nouvelle version de Nosferatu, qui sera en salles la semaine prochaine. En 1979, le réalisateur allemand s'était attaqué à un remake du classique de Murnau, lui-même inspiré du Dracula originel, celui écrit par Bram Stoker. Robert Eggers y revient avec la même idée d'en extraire non pas l'essence horrifique, mais celle romantico-sexuelle via l'emprise fiévreuse du vampire sur une jeune femme. Chez Herzog, c'était Adjani qui lui donnait corps, dans cette nouvelle version, c'est une phénoménale Lily-Rose Depp, sous claire influence de l'actrice française, notamment lors d'impressionnantes séquences de transe. Quoiqu'il soit encore présent via la performance hantée de Willem Dafoe en Van Helsing du jour, on pourra cependant regretter le sens du chaos qui possédait les films précédents d'Eggers, de The Lighthouse à The Northman, son Nosferatu, bien moins furibard, n'en reste pas moins un formidable conte gothique d'hiver pour adultes, par sa collection de somptueuses images, parfaite galerie de tableaux animés ou sa trajectoire vers un mélancolique final tragique, qui, contrairement à son décevant vampire, manquant étonnamment de mordant quand il n'est résumé qu'à une silhouette, a tout pour devenir mémorable.
Nosferatu, en salles le 25 décembre / Au cœur des volcans : Requiem pour Katia et Maurice Krafft, en salle le 18 décembre
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