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Hommage à Quincy Jones
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Disparu le 3 novembre 2024 à l’âge de 91 ans, Quincy Jones sera, à tout jamais, associé à son travail d’orfèvre aux côtés de Michael Jackson. Mais que retiendra-t-on de ses autres faits d’armes ? Connaissons-nous vraiment son travail d’arrangeur, de compositeur et de chef d’orchestre ?
Son statut de jeune soliste à la trompette dans l’orchestre du vibraphoniste Lionel Hampton, au début des années 1950, lui a ouvert l’esprit et a nourri son goût pour l’improvisation car, pour être un musicien de jazz éclairé, il ne faut pas hésiter à jouer avec les différents accents des musiques populaires. Quincy Jones le comprit très vite et s’amusa toute sa vie à tordre les conventions pour inventer son propre univers sonore, exigeant et éclectique. « Tout n'est qu'une question de liberté. Le jazz c'est la liberté. Quand j'étais jeune, des gens comme Clark Terry, Benny Carter ou Ray Charles, m'ont véritablement épaulé, et il est de mon devoir aujourd'hui de faire de même avec la jeune génération. Elle représente l'avenir. Avec délicatesse et sensibilité, tous ces jeunes transmettront à leur tour le message du jazz. Ray Charles a été le premier à me donner un petit coup de pouce. Il m'a même appris à lire la musique en braille. N'oubliez pas qu'il n'est devenu aveugle qu'à l'âge de six ans. Il savait donc à quoi ressemblait une partition. Quand j'évoluais dans l'orchestre de Lionel Hampton, je côtoyais là aussi d'excellents musiciens, je pense à Clifford Brown, Art Farmer, Benny Bailey, Jimmy Cleveland. C'était un orchestre qui faisait danser les gens. Lionel Hampton et Louis Jordan ont créé ce que l'on appelait le rhythm and blues dont la communauté blanche s'est emparée pour créer le rock'n'roll ». (Quincy Jones au micro de Joe Farmer)
De ses premiers pas d’interprète dans les grandes formations swing d’antan à ses exploits de producteur inspiré aux côtés des principales figures de la pop, du funk, de la soul-music ou du rap, Quincy Jones a vécu intensément sa passion artistique avec ce regard et ce sourire malicieux qui semblaient défier ses détracteurs. L’Amérique raciste lui avait appris la défiance et la méfiance. Pour se faire respecter, il devait devenir incontournable. L’avait-il voulu ? Sa force de caractère a-t-elle accéléré son ascension ? Son flair fut-il son meilleur atout ? Difficile de définir précisément le moteur de son hyperactivité créative. Il faut croire que son application à réaliser avec soin les meilleurs enregistrements porta ses fruits et contribua à écrire sa glorieuse histoire. Dans sa mémoire vive, s’entrechoquaient des images, des sons, des rencontres, des conversations, des anecdotes et des dates plus marquantes les unes que les autres, comme ce 8 juillet 1991 lorsqu’il invita son ami Miles Davis à réinterpréter ses œuvres d’antan sur la scène du Montreux Jazz Festival en Suisse. « C'était quelque chose de voir Miles Davis à 65 ans se débattre avec une musique qu'il n'avait pas jouée depuis l'âge de 25 ans. J'avais assisté à la session d'enregistrement originel. Il avait enregistré coup sur coup « Kind of Blue » et « Miles Ahead » avec Gil Evans dans les studios Columbia de la 30ème rue à New York. Je revois encore John Coltrane et Cannonball Adderley découvrant les partitions de « Kind of Blue ». Quelque 60 ans plus tard, ces albums sont devenus des classiques et, honnêtement, on n'a pas fait mieux depuis. Lors du concert à Montreux, c'est la première fois que je voyais Miles Davis sourire au public. Habituellement, il tournait le dos aux spectateurs mais cette fois-là il était heureux et j'étais enchanté de lui avoir apporté cette joie ». (Quincy Jones sur RFI – Juillet 2017)
Cette générosité de cœur, ce besoin viscéral de porter des projets ambitieux, parfois périlleux, cette écoute attentive pour le talent de ses contemporains, qu’ils soient aguerris ou balbutiants, cette attitude finalement altruiste, toutes ces valeurs humaines l’ont hissé au firmament des personnalités universelles. Quincy Jones fut tout simplement unique !
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Disparu le 3 novembre 2024 à l’âge de 91 ans, Quincy Jones sera, à tout jamais, associé à son travail d’orfèvre aux côtés de Michael Jackson. Mais que retiendra-t-on de ses autres faits d’armes ? Connaissons-nous vraiment son travail d’arrangeur, de compositeur et de chef d’orchestre ?
Son statut de jeune soliste à la trompette dans l’orchestre du vibraphoniste Lionel Hampton, au début des années 1950, lui a ouvert l’esprit et a nourri son goût pour l’improvisation car, pour être un musicien de jazz éclairé, il ne faut pas hésiter à jouer avec les différents accents des musiques populaires. Quincy Jones le comprit très vite et s’amusa toute sa vie à tordre les conventions pour inventer son propre univers sonore, exigeant et éclectique. « Tout n'est qu'une question de liberté. Le jazz c'est la liberté. Quand j'étais jeune, des gens comme Clark Terry, Benny Carter ou Ray Charles, m'ont véritablement épaulé, et il est de mon devoir aujourd'hui de faire de même avec la jeune génération. Elle représente l'avenir. Avec délicatesse et sensibilité, tous ces jeunes transmettront à leur tour le message du jazz. Ray Charles a été le premier à me donner un petit coup de pouce. Il m'a même appris à lire la musique en braille. N'oubliez pas qu'il n'est devenu aveugle qu'à l'âge de six ans. Il savait donc à quoi ressemblait une partition. Quand j'évoluais dans l'orchestre de Lionel Hampton, je côtoyais là aussi d'excellents musiciens, je pense à Clifford Brown, Art Farmer, Benny Bailey, Jimmy Cleveland. C'était un orchestre qui faisait danser les gens. Lionel Hampton et Louis Jordan ont créé ce que l'on appelait le rhythm and blues dont la communauté blanche s'est emparée pour créer le rock'n'roll ». (Quincy Jones au micro de Joe Farmer)
De ses premiers pas d’interprète dans les grandes formations swing d’antan à ses exploits de producteur inspiré aux côtés des principales figures de la pop, du funk, de la soul-music ou du rap, Quincy Jones a vécu intensément sa passion artistique avec ce regard et ce sourire malicieux qui semblaient défier ses détracteurs. L’Amérique raciste lui avait appris la défiance et la méfiance. Pour se faire respecter, il devait devenir incontournable. L’avait-il voulu ? Sa force de caractère a-t-elle accéléré son ascension ? Son flair fut-il son meilleur atout ? Difficile de définir précisément le moteur de son hyperactivité créative. Il faut croire que son application à réaliser avec soin les meilleurs enregistrements porta ses fruits et contribua à écrire sa glorieuse histoire. Dans sa mémoire vive, s’entrechoquaient des images, des sons, des rencontres, des conversations, des anecdotes et des dates plus marquantes les unes que les autres, comme ce 8 juillet 1991 lorsqu’il invita son ami Miles Davis à réinterpréter ses œuvres d’antan sur la scène du Montreux Jazz Festival en Suisse. « C'était quelque chose de voir Miles Davis à 65 ans se débattre avec une musique qu'il n'avait pas jouée depuis l'âge de 25 ans. J'avais assisté à la session d'enregistrement originel. Il avait enregistré coup sur coup « Kind of Blue » et « Miles Ahead » avec Gil Evans dans les studios Columbia de la 30ème rue à New York. Je revois encore John Coltrane et Cannonball Adderley découvrant les partitions de « Kind of Blue ». Quelque 60 ans plus tard, ces albums sont devenus des classiques et, honnêtement, on n'a pas fait mieux depuis. Lors du concert à Montreux, c'est la première fois que je voyais Miles Davis sourire au public. Habituellement, il tournait le dos aux spectateurs mais cette fois-là il était heureux et j'étais enchanté de lui avoir apporté cette joie ». (Quincy Jones sur RFI – Juillet 2017)
Cette générosité de cœur, ce besoin viscéral de porter des projets ambitieux, parfois périlleux, cette écoute attentive pour le talent de ses contemporains, qu’ils soient aguerris ou balbutiants, cette attitude finalement altruiste, toutes ces valeurs humaines l’ont hissé au firmament des personnalités universelles. Quincy Jones fut tout simplement unique !
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